Pollution de l’eau du robinet au tritium: coeur d’essonne concerné

Une étude publiée en juillet 2019 par l’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) montre la présence de tritium, un élément radioactif, dans l’eau du robinet d’un grand nombre de communes, notamment en région parisienne. Cette pollution, qui se situe en dessous des seuils réglementaires de qualité admis, provient des rejets des centrales nucléaires. Ci-dessous toutes les informations et le débat sur la qualité de l’eau.

L’ACRO a publié une carte exclusive de la contamination radioactive de l’eau potable en France métropolitaine. Ces données, compilées par l’ACRO, ont été fournies par le Ministère de la Santé (ARS – SISE Eaux) et représentent la valeur moyenne sur les années 2016-2017.

L’analyse de ces données met en évidence :

  • que plus de 268 communes sont concernées par la présence de tritium (l’hydrogène radioactif rejeté par les installations nucléaires) dans l’eau potable en France métropolitaine,
  • que 6,4 millions de personnes sont alimentées par une eau contaminée au tritium,
  • qu’aucune valeur ne dépasse le critère de qualité fixé à 100 Bq/L  par les autorités sanitaires.

Toutes les communes franciliennes alimentées en eau de Seine repotabilisée en aval de la centrale de Nogent sur Seine concernées

La carte fait apparaître plusieurs zones avec une présence régulière de tritium dans l’eau du robinet, notamment le long de la Seine, de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine à l’Île-de-France, à cause des rejets radioactifs. 122 communes d’Île-de-France sont concernées par la contamination en tritium au robinet. Cela représente une population de 4 millions de personnes.

Les communes aujourd’hui dépendantes de l’eau de Seine repotabilisée par Suez dans son usine de Morsang sur Seine, 100 km en aval de la Centrale nucléaire de Nogent sur Seine, sont susceptibles d’être concernées: C’est le cas de 9 communes de l’ex agglo du Val d’Orge.

En effet, c’est cette centrale nucléaire qui rejette des déchets radioactifs dans la Seine, une pratique aujourd’hui autorisée

la centrale nucléaire de Nogent sur Seine

Les structures de contrôle de radioactivité s’accordent pour dire que dans l’immédiat, les taux de tritium ne sont pas dangereux. Ce n’est pas d’ailleurs pas l’objet de la carte qu’a publié l’ACRO, selon Guillaume Rougier. « On voulait mettre en lumière les relations entre les éléments radioactifs des centrales et notre consommation d’eau potable », justifie-t-il.

Pas de danger dans l’immédiat , mais des effets à long terme redoutés

Ce sont plutôt des effets à long terme qui sont redoutés, et notamment en cas d’accident de la centrale qui pourrait provoquer des rejets plus massifs d’autres déchets.

« On ne veut pas créer la panique, les niveaux de risque sont faibles mais inacceptables. Il faut sortir de la banalisation du tritium, alerte Corinne Castanier. Surtout si on consomme une eau polluée pendant toute une vie. »

Aucune valeur relevée ne dépasse le critère de qualité fixé à 100 Bq/L par les autorités sanitaires. Cependant, la Criirad — une commission de recherche indépendante sur la radioactivité — estime que le taux de tritium relevé dans l’eau potable ne devrait en aucun cas dépasser 10 Bq/L, seuil déjà franchi par des communes comme Tours, Nantes ou Corbeil-Essonnes

4 communes de notre Agglomération sont touchées

Parmi les 122 communes franciliennes concernées par la présence de Tritium dans l’eau du robinet, figurant sur la carte publiée par l’Acro, on trouve 4 communes de notre Agglomération : Longpont, Saint-Michel, Saint-Geneviève-des-Bois et Villiers sur Orge

Les réactions des producteurs d’eau en Ile de France

la régie Eau de Paris

Les taux moyens à Paris sont compris entre 0 et 1,22 Bq/L; le dépassement est minime par rapport au tritium naturel dans les eaux de surface qui est compris entre  0,37 à 1,11 Bq/L.

Le SEDIF Une qualité de l’eau irréprochable, vraiment ?!?

Le taux moyen relevé à l’usine de Choisy-le-roi sur 180 mesures réalisées depuis 2010, est de 9 Bq/L : Cela atteste bien des rejets radioactifs provenant de l’usine de Nogent-sur Seine. En effet, le tritium naturel dans les eaux de surface se situe à des taux variant  entre  0,37 à 1,11 Bq/L, soit entre 8 et 24 fois moins. Mais le SEDIF préfère attirer l’attention sur …la radioactivité naturelle!

Deux analyses par mois de la radioactivité dans l’eau potable permettent largement à une pollution ponctuelle de plus grande ampleur de passer inaperçue. La balise qui mesure en continu la radioactivité dans la Seine offre une meilleure garantie. Encore faudrait-il que ces relevés soient rendus publics.

Régie Eau Coeur d’Essonne: silence radio

Alors que 4 communes distribuées par notre régie d’eau potable, figurent sur la carte de l’Acro ; les premières réactions des services de la régie ne sont pas vraiment à la hauteur des besoins d’information de ses abonnés. C’est ce que montre le témoignage d’une génovéfaine qui nous a alerté et que nous vous répercutons

« Bonjour , à vous toutes et tous qui êtes dans le périmètre concerné par cette « pollution au tritium radioactif de l’eau potable « . Je ne l’ai vraiment appris qu’hier et j’ai aussitôt appelé notre régie d’eau de Coeur D’Essonne !! (au 0 800 500 191)

Apparemment je n’étais que la 2e personne en 10 jours qui ai appelé à ce sujet!! Curieux, vu que les gens achètent en masse des bouteilles d’eau et les médias en ont parlé depuis le 18 /7….

Et la réponse était aussi simple que banale

« Connectez vous au site du gouvernement, vous y trouverez toute l’info. »

Le devoir d’information de la régie

Ce que j’ai refusé tout net, car c’est  la régie qui à mon sens doit nous informer.

Si je vous écris, c’est d’une part pour vous dire que l’on peut et on doit appeler notre régie d’eau (n° vert, 0 800 500 191) et demander une information précise et correcte de la population sur cette pollution de l’eau, car on ne trouve rien ni sur son site ni sur sa page fb

Mais les analyses publiées par le gouv. n’indiquent en effet rien : car on ne trouve ce que l’on veut bien chercher et la radioactivité ne semble pas faire partie des analyses de l’eau potable. » 

Débat sur les seuils de qualité de l’eau

En France, le tritium est suivi comme l’un des indicateurs de radioactivité : si sa concentration dans l’eau dépasse le niveau de référence de 100 Bq/l, il est procédé à la recherche de la présence éventuelle d’autres radionucléides artificiels. Ce niveau n’est donc qu’une « référence de qualité » : pour les autorités sanitaires, le dépassement de cette valeur ne signifie pas que l’eau est non potable.

Les recommandations de l’OMS sur les critères de potabilité de l’eau de boisson sont que la dose reçue du fait de la présence d’un radionucléide dans l’eau de boisson ne dépasse pas 0,1 mSv/an. Cette dose pourrait être atteinte chez l’adulte par la consommation quotidienne de deux litres d’eau tritiée à hauteur de 10 000 Bq/l (valeur guide de l’OMS pour ce radioélément). Pour en savoir plus, lire « le tritium dans l’environnement » sur Wikipedia.

Nous sommes loin de ces valeurs dans les relevées publiés par l’ACRO. Cependant, il existe un débat sur ces seuils et sur leur signification. La Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD) plaide pour ramener le  seuil sanitaire à 10 Bq/l et le seuil d’investigation à 2 Bq/l. Ce qui changerait tout!

Lire le communiqué de la CRIIRAD

Cette alerte au tritium pose une fois de plus la question de l’utilisation d’eaux superficielles, souvent très polluées, pour la production d’eau de boisson. Si cette utilisation peut se comprendre pour  des raisons historiques au SEDIF, n’est-il pas temps d’envisager d’autres solutions? Avant qu’une crise majeure ne les impose brutalement… Dans ce domaine comme dans d’autres, plus on attend pour opérer la transition, plus le prix à payer sera élevé.

revue de presse :

Contamination radioactive de l’eau potable en Ile-de-France, accuse une association

Mercredi 17 juillet 2019  Par Nathalie DelpeyratFrance Bleu Paris

L’association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest a dénoncé mercredi une « contamination » radioactive de l’eau potable de 6,4 millions personnes en France. Cent-vingt-deux communes d’Ile-de-France seraient concernées. Pour le Syndicat des Eaux d’Île-de-France, pas de danger

« 6,4 millions de personnes concernées » : alerte sur la présence de composés radioactifs dans l’eau

L’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest dénonce la présence de tritium dans l’eau potable, touchant 268 communes françaises.

Infox et vraie alerte

Dans un second temps, un message, posté anonymement sur les réseaux sociaux, a mentionné une contamination au « titanium », et non au tritium, et un prétendu arrêté préfectoral interdisant de boire de l’eau du robinet en Île-de-France. Il a semé la panique et entraîné des messages rassurants des autorités sur la qualité de l’eau de consommation. L’ACRO a rapidement démenti  cette fausse information, dès qu’elle a découvert la rumeur. Mais ce message a permis de reléguer au second plan l’alerte de l’ACRO…

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