
Déclaration commune du 15 avril 2022 de la Coordination Eau Île de France et des associations Aggl’eau CPS et Eau Publique Orge-Essonne
Rappel des épisodes précédents
Il y a 13 mois (mars 2021), les communautés d’agglomération essonniennes1, appuyées par le Conseil Départemental, exprimaient leur volonté de recouvrer la maîtrise publique de la production d’eau potable. Une production sous l’emprise de Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) depuis plus d’un siècle sous la forme du RISF (Réseau interconnecté du sud francilien).
Avec, pour première étape, la création en 2022 d’un Syndicat mixte pour récupérer la propriété de de ce réseau, dont le coût a déjà été très largement payé à travers nos factures d’eau.
Ouvertes en juillet 2021, les négociations avec Suez pour y parvenir ont d’emblée achoppé sur la volonté de ses dirigeants de nous faire payer au prix fort la restitution de ce RISF. Sans aucun élément à l’appui de cette exigence, ils ont fini par promettre de fournir « prochainement » des chiffres prouvant que ce patrimoine restait pour partie à rembourser : il s’agit de sa VNC, sa valeur nette comptable , soit coût d’acquisition moins amortissements. Ces derniers devraient, en toute logique et compte-tenu de l’ancienneté des travaux de construction ou modernisation de ces usines être terminés depuis longtemps, ce qui fixerait cette VNC à zéro euro.
8 mois plus tard, une promesse toujours non tenue
Pour commencer, les dirigeants de Suez ont exigé, au prétexte du secret des affaires, que les élus du Sud Francilien acceptent au préalable des négociations à huis-clos, excluant les habitants de toute information sur cet enjeu politique majeur. Les mêmes nous ont ensuite raconté qu’il fallait attendre la fin de l’OPA de Suez par Veolia pour pouvoir reprendre la discussion.
4 avril 2022 : les dirigeants de Suez déclarent la guerre aux Franciliens
Il a donc fallu attendre plus de 8 mois, ce 4 avril 2022, une rencontre avec la nouvelle Directrice générale du Suez résultant de l’offensive hostile de Veolia.
Une réunion qui a rapidement donné lieu à une fin de non recevoir, …Suez refusant finalement de fournir la VNC promise ! VNC seule à-même de justifier ses exigences exorbitantes en contrepartie de la cession des usines et réseaux d’eau potable du Sud Francilien.
la restitution de ce rendez-vous par les collectivités s’est faite 3 jours plus tard : lors du dernier conseil communautaire de Grand Paris sud : https://www.youtube.com/watch?v=fWo_5WuxDXA
(à visionner en toute fin de la retransmission de la séance, à partir de 4h23mn et 40sec)
Des rançonneurs qui ne connaissent que les rapports de force
Face à des habitants-citoyens désormais convaincus que l’eau est un commun à préserver de la marchandisation, les dirigeants de Suez montrent leur incapacité à comprendre par eux-mêmes que la situation a changé ; leur incapacité à renoncer aux abus de position dominante ; leur incapacité à concevoir une réponse aux besoins des habitants affranchie de la voracité des actionnaires.
Ceux qui tablaient sur un comportement républicain de ces dirigeants, respectueux de la démocratie locale et des attentes des populations doivent se rendre à l’évidence : nous avons affaire à des rançonneurs sans scrupule ni remord, qui ne connaissent qu’une règle, celle du rapport de force.
Vague citoyenne, la suite
Le 20 mars dernier, notre rassemblement inédit face à l’usine d’eau potable de Morsang sur Seine, s’est interrogé sur les suites à donner à la vague citoyenne qui s’y est levée pour la maîtrise publique de la production d’eau potable.
L’attitude de Suez montre qu’il n’y a pas de temps à perdre !
1- En refusant définitivement de rendre des comptes sur la gestion et la valeur du RISF, Suez prouve définitivement qu’il n’a aucun argument pour nous le faire payer encore une fois à travers nos factures d’eau. Sa restitution sans contrepartie au syndicat des intercommunalités qu’il dessert s’impose dès lors.
2- Il faut en finir d’urgence avec la surfacturation de l’eau en gros achetée à Suez pour alimenter nos robinets. Cette surfacturation est estimée, sur la base d’autres réseaux comparables, à 0,25 €, sur le total moyen de 0,70 € au mètre cube facturé aux services locaux de distribution, soit une marge indue de 30 % ! )
Le 20 mars, nous lancions un préavis de grève du paiement de cette rançon, dans l’attente des négociations requises pour faire enfin la lumière sur le prix de notre eau potable . La position de Suez exige de passer à l’action :
Nous demandons que toutes les intercommunalités concernées ne payent désormais l’eau fournie par Suez qu’à son prix réel de 0,45 € le mètre cube et que cette économie revienne directement aux usagers
Nous nous félicitons que les élus de « Grand Paris Sud » se soient dès le 7 avril engagés à l’unanimité, et appelons nos élus de Cœur d’Essonne Agglomération, Val d’Yerres-Val de Seine, Grand Orly Seine-Bièvre à se joindre à cette action.
3- Nous protestons solennellement contre les tergiversations et combines en coulisse des dirigeants de la Communauté Paris-Saclay, accrochés à des pratiques de marchandage d’un autre temps. Nous leur demandons de se joindre enfin à la démarche constructive solidaire des collectivités du Sud Francilien, face aux multinationales de l’eau.
4- Nous demandons aux collectivités fondatrices du nouveau syndicat de production et transport d’eau de le doter d’emblée d’une Commission consultative paritaire, donnant aux usagers un droit de regard et de proposition sur les choix de production et de tarifs de la nouvelle structure, selon les principes de justice sociale et climatique impératifs pour répondre aux enjeux de l’eau dans notre région. Une manière de garantir dans la durée, la co-construction entre collectivités et habitants des politiques publiques à la hauteur de cet enjeu.
SUEZ ÇA SUFFIT, RENDEZ-NOUS NOS USINES !
Nous avons été assez rançonnés !
La légitimité est du côté des usagers et de leurs élus, pas de celui des actionnaires !
VERSION COMMUNIQUE DE PRESSE (2 PAGES)

