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Maîtrise publique de l’eau potable: l’heure est venue en Essonne en 2022

Un mouvement encourageant d’émancipation vis-à-vis de multinationales…..

Pendant 120 ans, les Essonniens et leurs élus sont restés sous l’emprise de deux multinationales, Suez et Veolia, pour leur desserte en eau potable. Une dépendance payée très cher: surfacturation de l’eau, dégradation des réseaux, gaspillage de la ressource et démocratie locale bafouée.

Depuis 10 ans, la vague citoyenne mondiale refusant la marchandisation de l’eau potable, a obtenu de premiers résultats en Essonne, à travers la création de 6 régies publiques pour la distribution1.

Eau des Lacs à Viry en 2011, Evry-Centre Essonne (devenue GPS) en 2013, Briis sous Forge et Eau Ouest Essonne en 2016, Val d’Orge (étendu à Coeur d’Essonne) en 2017, et Sud Essonne en 2020.

Cette nouvelle donne a permis de premières baisses de tarifs, une connaissance renforcée de l’état des réseaux, une gestion à l’écoute des usagers.

… qui doit se poursuivre pour répondre aux défis du dérèglement climatique

Ce mouvement est aujourd’hui entravé en Essonne par un monopole unique en France, acquis et conservé par ces multinationales sur la production de notre eau potable. Comment en est-on arrivé là?

Le XXème siècle a vu la fermeture progressive de la plupart des stations de captage d’eau souterraine, polluée par les intrants chimiques induits par une agriculture productiviste.

Toutes les communes de la moitié Nord de l’Essonne (la plus peuplée) se sont retrouvées otages des 4 usines de potabilisation d’eau de la Seine gérées par Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) : Vigneux (créée en 1890), Viry-Châtillon (1931), Morsang sur Seine (1972) et Corbeil-Essonnes. De l’eau acheminée par un réseau interconnecté sud francilien (RISF) tentaculaire alimentant plus d’un million d’habitants.

Ce monopole a permis à Suez d’imposer des tarifs exorbitants estimés, encore aujourd’hui, à près du double (70 centimes en moyenne au m3) du prix coût réel de cette potabilisation (40 cts au m3 environ). Une marge qui, appliquée aux 70 millions de m3/an consommées par les agglomérations desservies, représente un racket de 20 millions€ par an ! Avec un risque fort d’une nouvelle envolée des prix:Veolia et Suez prévoient d’accroître encore leurs tarifs et leurs profits en fabriquant une eau « plus pure que pure ».

Solidarité plutôt que rivalité

Il y a un an (mars 2021), les communautés d’agglomération essonniennes1, appuyées par le Conseil Départemental, affichaient leur intention de recouvrer la maîtrise publique de cette production d’eau potable.

Grand Paris Sud, Coeur d’Essonne, Val d’Yerres-Val de Seine, Grand Orly Seine-Bièvre, …En attendant Paris-Saclay dont les dirigeants traînent des pieds.

Avec, en première étape, la création en 2022 d’un Syndicat mixte pour récupérer la propriété de ces usines, dont le coût a déjà très largement été payé à travers nos factures d’eau.

En juillet 2021, les négociations ont très vite achoppé sur la volonté des dirigeants de Suez de nous faire payer une 2ème fois ces usines, sans aucun argument à l’appui de leur exigence.

Agrippés à leur approche mercantile de l’eau, les actionnaires de Suez refusent de céder un pouce de leur domination sur l’eau potable du sud francilien.

Les temps ont changé

Cette arrogance n’est plus de mise. La volonté des Essonniens et de leurs élus d’une maîtrise du cycle de l’eau est un impératif démocratique et écologique à l’heure du dérèglement climatique.

L’eau est un bien commun qui exige d’être géré et protégé sous contrôle des citoyens dans leur ensemble.

Veolia (détenant désormais 86% du capital de son ex-rivale) et Suez, ont assez tiré profit de leur domination sur les services d’eau des collectivités. En Essonne, ils doivent quitter la Seine et nous restituer les usines qui nous reviennent.

Le syndicat mixte créé cette année en Essonne doit disposer rapidement des moyens d’opérer la baisse tarifaire et la gestion raisonnée de nos ressources en eau.

Dimanche 20 mars de 16h30 à 18h30, en prélude de la journée mondiale de l’eau 2022,

rassemblons-nous nombreux au barrage du Coudray-Montceaux,

56, Berges de la Seine au Coudray Montceaux, station « Plessis-Chenêt » du RER D

face à l’usine d’eau potable de Morsang sur Seine, pièce maîtresse du réseau sud-francilien de production d’eau potable, pour exiger de Veolia-Suez sa restitution sans contrepartie, ainsi que celle des autres usines.

Lieu du rassemblement – accessible rive gauche
par le Coudray-Montceaux ou par la rive droite par Morsang sur Seine, chemin des îles

Appel au rassemblement à démultiplier sans modération, sous format, flyer ou affiche, à bientôt!

arvigny, UN PROJET ENVIRONNEMENTAL Exemplaire ? Rendons-nous sur place pour en avoir le coeur net!

Un projet digne d’être consacré aux oscars du greenwashing

A l’issue de la lecture du volumineux dossier d’enquète public du Sedif sur son projet de fabrication d’une eau plus que parfaite à Savigny-le -Temple, force est d’être impressionné par la vigueur des intentions et des garanties environnementales apportées par les promoteurs de ce projet:

  • La synthèse de l’étude détaillée de l’impact de projet nous explique que cet impact est négligeable notamment sur la flore locale au motif qu’aucune espèce protégée n’a été identifiée parmi les 163 espèces présentes; concernant la faune cet impact est jugé « faible à modéré » notamment du fait de l’improbabilité de frayères (aires de reproduction des poissons) à l’endroit du rejet dans la seine des effluents pollués générés par le traitement de l’eau. Bref rien de nature à casser 3 pattes à un canard.
  • Si l’on s’attache aux illustrations du dossiers, l’impression est encore plus idyllique: rien que des paysages champêtres , des voiries arborées qui retrouveront leur quiétude verdoyante sitôt les travaux achevés; des bâtiments à l’insertion paysagère soignée, permettant de « conserver le caractère confidentiel du lieu  » (sic) « en n’exposant pas le process au premier plan » (resic).
  • Décidément, donc, il faut avoir l’esprit singulièrement rétrograde et une sacrée dose de mauvaise fois pour critiquer un projet aussi vertueux, attendu impatiemment par tous les usagers.

Problème, à notre époque marquée par un scepticisme généralisé à l’égard des déclarations de la classe politique et de la technocratie mobilisée pour imposer ses grands projets inutiles, les gens ne se contentent plus des plaquettes officielles de promotion de ces projets; ils préfèrent juger par eux-même. Par exemple, en allant vérifier sur le terrain si les pratiques observées accréditent les discours tenus.

Dans ce cas, le plus simple c’est d’aller faire un tour à l’usine actuelle d’Arvigny gérée par Véolia pour le compte du Sédif. Par précaution, pour retrouver facilement l’endroit , on s’est muni d’une photo aérienne du site verdoyant de l’usine, sise au 13 rue de l’industrie dans la zone d’activité de Savigny

Première surprise, arrivé au n°17, impossible d’aller plus loin, la rue est barrée, on peut même dire très mal barrée

Le coté obscure de Savigny-le-temple

Ne nous laissons pas rebuter par le décor bucolique qui nous accueille, poussons jusqu’à la barrière; celle-ci nous nous informe que nous sommes sous vidéo-surveillance, si l’envie nous venait de poursuivre notre chemin.

Mais si l’accès à l’usine par son adresse officielle est aussi rebutant, c’est assurément qu’une autre entrée est désormais ouverte, objet de tous les soins des gestionnaires; allons voir du coté nord pour la retrouver. Contournons donc les buses en béton et escaladons la modeste butte qui nous en ouvre la voie.

Le laboratoire des projets environnementaux du Sedif et de Veolia

Nous arrivons alors à une aire d’expérimentation d’aménagements paysagers qui témoignent de la passion des dirigeants du Sedif et de Veolia pour la nature: un avant-goût du futur projet? Éblouis par la créativité visionnaire des paysagistes de Veolia, nous hésitons à faire notre choix entre un amoncellement de ferraille, un dôme de pneus usagers de camions et voiture, et une cascade de déchets de chantier de démolition….En tout cas, le charme opère: jamais nous ne nous sommes sentis pareillement en osmose avec la nature: qui aurait imaginé une telle oasis de biodiversité au coeur de la ville nouvelle de Savigny-le-temple?

Mais, bon, assez rêvé, il faut revenir à la réalité. La nouvelle entrée de l’usine est introuvable, c’est donc bien la grille située entre gravats et blocs de bétons qui marque cette entrée. Et en effet, un panneau nous confirme que nous sommes bien chez le SEDIF et Veolia, engagés, avec leur programme « bi’eau diversité », pour la biodiversité et un avenir durable . Mais ça, au terme de notre visite, nous avions déjà acquis la conviction…. Quel gâchis de voir de telles bonnes volontés bridées par une enquète publique, des paperasseries interminables! Vivement que des opérateurs aussi sincèrement investis au bénéfice de notre cadre de vie aient enfin les coudées franches pour reformater notre région et notre Seine avec leur projet!

Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue

Réaction de notre association Eau publique Orge Essonne, au communiqué du 11 mars des intercommunalités et du Conseil départemental de l’Essonne « pour une maîtrise publique des outils d’eau potable en Essonne »

Le 11 mars a confirmé que l’année 2021 peut être celle d’un changement historique pour l’eau potable des Essonniens :
En effet, ce jour-là, les 5 communautés d’agglomération et le Conseil Départemental de l’Essonne ont officialisé leur volonté commune en faveur d’une maîtrise publique de la production d’eau, à l’échelle de notre département.

l’Association « Eau Publique Orge-Essonne », qui appelait ce choix de ses vœux en début d’année, s’en félicite :

Il faut prendre la mesure d’un tel engagement dans un domaine où les Essonniens et leurs élus sont restés depuis un siècle sous l’emprise des deux multinationales, Suez et Véolia, qui ont bâti leur empire financier par la prédation, la séquestration et la surfacturation du bien commun essentiel que constitue l’eau potable.

Il faut apprécier l’évolution du monde politique local actée par cette déclaration, quand, il y a une douzaine d’année à peine, les rares défenseurs de la gestion publique de l’eau étaient dénoncés comme des idéologues irresponsables, au prétexte que seules les entreprises privées auraient l’expertise et les moyens de répondre aux besoins des habitants.

Cet engagement inédit confirme donc la faisabilité de ce que nous appelions de nos vœux en ce début d’année 2021 : grâce à des habitants qui refusent très majoritairement aujourd’hui la marchandisation de l’eau potable, et grâce aux six régies publiques de taille très diverses créées depuis 2011, qui ont apporté la preuve de leurs capacités pour la distribution de l’eau, les conditions sont réunies pour retrouver la maîtrise publique du grand cycle de l’eau en Essonne. Une maîtrise devenue indispensable pour répondre aux défis de la lutte contre le réchauffement climatique

Mais attention, un communiqué ne fait pas le printemps : Malgré la bataille d’actionnaires qui les opposent aujourd’hui, Veolia et Suez sauront se retrouver et ne reculeront devant aucun moyen pour préserver le pactole que représentent pour eux nos factures d’eau.

Il s’agit de rester lucide sur les hésitations et la timidité du revirement de certains acteurs locaux en faveur de la maîtrise publique de la production et la distribution de l’eau potable : A-t-on jamais vu un communiqué de presse si discret qu’il ne figurait pas sur les pages d’accueil des sites internet des collectivités signataires, sauf une ? A-t-on jamais vu des élus locaux aussi gênés pour défendre une orientation qui devrait être pourtant un motif de fierté en termes d’émancipation à l’égard d’intérêts financiers ? Seuls les maires de Grigny, Philippe Rio et de Breuillet, Véronique Mayeur, ont jusqu’à présent revendiqué publiquement cette avancée.

Comme les vampires ont peur de la lumière qui les réduit en poussière, les prédateurs des services publics ont peur plus que tout du débat public et démocratique qui contrecarre leurs pressions et leurs manœuvres en coulisses.

Compte tenu de l’ampleur des intérêts privés qui sont mis en cause, l’information et l’intervention maximale des Essonniens seront déterminantes pour gagner la partie.

Au côté d’élus encore effrayés de leur propre audace, ne mégotons pas nos efforts pour diffuser, relayer, appuyer l’engagement des collectivités essonniennes pour la maîtrise publique de l’eau potable. Assurons-nous que cette intention devienne réalité, assurons-leur que nous n’admettrons aucun retour en arrière.

Sainte Geneviève des bois , le 16 mars 2021
Association Eau publique Orge Essonne, eaupublique.orge.91@laposte.net

version « image » de notre position :

Conseil d’administration de la régie DU 18/12/18: débat animé autour des tarifs

Le dernier conseil d’administration (CA) de la régie d’eau potable de Cœur d’Essonne Agglomération s’est réuni le mardi 18 décembre. Il avait à son ordre du jour 2 point importants:

  • la mise à jour des tarifs de l’eau vendue aux abonnés à compter du 1er janvier 2019, date d’élargissement du périmètre de la régie à 10 des 11 communes de l’arpajonnais , soit 60 000 habitants supplémentaires .
le siège de la régie à St Michel

L’objectif était de proposer un tarif aux abonnés de l’Arpajonnais identique à ce celui fixé pour le Val d’Orge il y a 2 ans . les simulations faites l’ont permis à 2 conditions:

  • l’application d’une hausse légèrement supérieure à la hausse des prix à la tranche tarifaire de base (de 0 à 200 m3 par an) et aux coûts d’abonnements correspondant aux différents type de compteurs, soit + 3.5%, avec comme résultat les évolution suivantes:

1/ un passage de 19 à 19,66€ l’abonnement petit compteur (diamètre de 15 mm) et de 1,22 à 1,263€ le prix du mètre cube.

2/ l’augmentation beaucoup plus importante du tarif au m3 de la tranche supérieure, (plus de 1000m3 par an), qui passe de 1.63€ à 1,84€ soit +13%. Ce tarif ne devait s’appliquer qu’aux entreprises et établissements. Problème, nous avons été alertés par 2 élus qui siègent au conseil communautaire de l’agglomération que la délibération tarifaire prévue ne comportait plus l’article permettant de différencier les gros compteurs des ensembles d’habitations pour que leurs usagers bénéficient du tarif de base,au même titre que l’habitat individuel.

Une mobilisation de notre association en direction du conseil communautaire a heureusement permis que cet article soit rétabli dans la délibération voté lors du CA du 18 décembre.

Autre tarif à l’ordre du jour, celui de la convention d’achat d’eau en gros au SIARCE , qui  nous revend  en fait  l’eau qu’il  a lui -même acheté  à Veolia ,  à qui il a  reconcède la gestion de l’usine de production d’Itteville  dont l’Arpajonnais  constitue le débouché principal. Un tarif à propos duquel , il s’est avéré impossible, malgré nos multiples réclamations , d’obtenir aucun élément permettant de le justifier: les seules informations apportées concernaient la part de Veolia pour la « production » soit 52 centimes au mètre cube et la « taxe » réclamée par le SIARCE soit 17,5 centimes. Le total, « curieusement », s’alignant au demi-centimes près, sur le tarif réclamé par Suez (69 centimes)pour l’eau vendue à la sortie de ses usines d’eau de Seine qui desservent le Val d’Orge. Des tarifs totalement opaques et qui paraissent d’abord déterminés en accord entre les 2 multinationales pour préserver leur partage du gâteau et leur domination sur les intercommunalités de l’Essonne.

Une absence d’informations qui nous a conduit à voter contre ce prix d’achat. Seuls, puisque tous les autres membres du CA, après quelques regrets, ont approuvé unanimement ce tarif .

Avec un point positif , ce tarif n’est voté que pour
ans, et la délibération n’intègre pas la hausse de 30% déjà décidée pour 2021 entre Xavier Dugoin , président du SIARCE et et ses compères de Veolia . Nous disposons donc de 2 ans pour modifier le rapport de force actuel et mettre un coup d’arrêt à ces coups de force détestables. DANS L’INTERVALLE, IL Y AURA LES MUNICIPALES DE 2020: Il sera très intéressant de suivre et faire savoir comment vont s’expliquer les élus locaux qui ont approuvé par anticipation cette hausse des recettes de Veolia après la fin de leur mandat ….